Quel chemin mène à la durabilité ?

Une croissance éternelle sur une planète limitée est impossible. Au lieu d'accepter ce fait simple mais déplaisant et d'agir en conséquence, nous nous sommes accommodés du compromis boiteux d'un "développement durable" non quantifiable.

Vue agrandie : un homme dessine un chemin à travers un labyrinthe, un deuxième homme dessine un chemin à l'extérieur.
(Illustration : Pakorn / freedigitalphotos

Des définitions claires et quantifiables de concepts abstraits constituent une base permettant de comprendre les problèmes et d'élaborer ensuite des solutions à l'aide de méthodes scientifiques. Malgré de nombreuses approches, il n'a pas été possible jusqu'à présent, même dans le milieu scientifique, de se mettre d'accord sur des définitions quantifiables de la "durabilité", du "développement durable" ou de l'"évolution vers la durabilité".

Il n'est donc pas étonnant que, même 20 ans après la Conférence des Nations unies sur l'environnement et le développement de Rio en 1992, nous ne soyons même pas parvenus à quantifier notre influence destructrice sur le capital restant de ressources naturelles. La cause n'est toutefois pas un manque de données. Il y a 20 ans déjà, nous savions que notre mode de vie mondial moyen n'était pas durable.

Une nouvelle approche s'impose

Si nous considérons l'évolution depuis la conférence de Rio en 1992, nous observons par exemple que notre consommation de sources d'énergie fossiles épuisables et les émissions de CO2 qui y sont liées ont continué à augmenter d'un facteur d'au moins 1,5 par an au cours des 20 dernières années. Nous savons également que la part de ces sources d'énergie non renouvelables dans le mix énergétique est au moins dix fois plus importante que la part de toutes les sources d'énergie renouvelables réunies. Nous vivons donc aujourd'hui de manière encore moins durable qu'il y a 20 ans. Par conséquent, la politique de "développement durable" a échoué et nous avons besoin d'une nouvelle approche. Comme Einstein l'avait déjà si bien formulé : "On ne peut jamais résoudre les problèmes avec la même fa?on de penser que celle qui les a créés".

Essayons donc une nouvelle approche en commen?ant par une définition claire et quantifiable de la "durabilité" et du "développement vers la durabilité". ?tonnamment, on obtient ces définitions de manière simple et facile à comprendre à l'aide du principe de négation. Répondons à la question : "Qu'est-ce qui n'est pas durable dans notre mode de vie ?" et identifions ainsi les différents aspects "non durables" de notre mode de vie local et mondial. En conséquence, nous décidons si les mesures proposées rendent notre vie moins "non durable" ou non.

Si nous suivons cette approche, les principaux domaines de notre mode de vie actuel "non durable" peuvent être facilement formulés :

  1. L'utilisation de sources d'énergie non renouvelables.
  2. l'utilisation de matières premières minérales non renouvelables, tant que le recyclage repose sur l'utilisation de sources d'énergie non renouvelables.
  3. l'exploitation non durable de sources de matières premières en principe renouvelables (par exemple le déboisement des forêts vierges restantes).
  4. l'agriculture industrielle, qui entra?ne l'érosion des sols et la destruction des écosystèmes intacts et de la biodiversité.
  5. la production de déchets toxiques non compostables et à longue durée de vie (comme l'amiante, le plastique, les déchets chimiques et radioactifs et le CO2).

Effondrement ou processus planifié

Acte d'équilibre sur une corde tendue
Quelle voie vers la durabilité allons-nous choisir ? (Photo : Michael Dittmar)

Dans les sciences naturelles, nous avons appris que les atomes excités, par exemple, reviennent à leur état de base plus stable après un certain temps et dès que l'apport d'énergie est limité. Il pourrait en aller de même pour la société si nous partons du principe que l'apport en ressources naturelles est limité. Si nous acceptons que notre mode de vie actuel n'est pas durable et que, dans un avenir pas trop lointain, nous vivrons nécessairement de manière durable, nous devons alors décider si nous préférons une voie rationnelle et planifiée vers la durabilité ou une voie fataliste.

En tant que scientifiques suisses notamment, nous devrions prendre au sérieux notre responsabilité éthique et morale (article 2.4 de la Constitution suisse) de préserver durablement et globalement les bases naturelles de la vie (le capital naturel) et chercher, à l'aide de nos connaissances, une voie suisse rationnelle vers la durabilité.

Soyons donc courageux et faisons face au fait que notre mode de vie actuel n'est pas durable et que nous pouvons atteindre la durabilité soit par un effondrement de notre mode de vie, soit par des mesures rationnelles allant dans le sens de la durabilité.

Informations complémentaires

  1. M. Dittmar : Le développement vers la durabilité : comment juger les politiques passées et proposées ? Science of the Total Environment 472C (2014), pp. 282-288, DOI : page externe10.1016/j.scitotenv.2013.11.020
  2. page externeConférence des Nations Unies 1992 sur l'environnement et le développement à Rio
  3. page externe1992 Avertissement d'un scientifique mondial à l'humanité
  4. page externeVoir PNUE 2012, rapport GEO-5 sur les perspectives environnementales mondiales.

 

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