Sommes-nous prêts pour l'après-collapse ?

Les preuves scientifiques montrent que notre société est sur une trajectoire périlleuse. Des changements fondamentaux de style de vie sont nécessaires de toute urgence, mais nous consommons plus, nous voyageons plus, nous parlons plus de l'effondrement inévitable, alors que nous pensons moins aux alternatives.

Vue agrandie : Vision of post-collapse
Les visions de l'après-collapse peuvent-elles rafra?chir notre imagination ? (Photo : Alison Pouliot / www.alisonpouliot.com)

Les ressources naturelles telles que le pétrole, le phosphore et les minéraux s'épuisent, le changement climatique dangereux nous guette, une grande partie de la diversité des espèces pourrait s'éteindre dans les décennies à venir, et les risques systémiques tels que l'apparition d'une maladie pandémique augmentent sur une planète surpeuplée et fortement interconnectée. Certains scientifiques pensent que l'effondrement environnemental est imminent [1], car nous sommes sur le point de franchir des seuils biophysiques avec des "conséquences désastreuses pour l'humanité" [2], et nous n'avons donc, selon un rapport du PNUE rédigé par les 18 lauréats du prix Nobel non officiel pour l'environnement, "pas d'autre choix que de prendre des mesures draconiennes pour empêcher un effondrement de la civilisation" [3]. Mais que signifient ces prédictions pour notre culture et notre société ?

Du sauvage au post-collapse

Lors d'un récent symposium co-organisé par l'Université de Zurich et l'ETH Zurich et intitulé "From the wild to post-collapse" [4], un groupe interdisciplinaire et international d'environ cinquante étudiants dipl?més et chercheurs représentant les sciences naturelles, les sciences sociales et les sciences humaines, ainsi que des artistes, ont exploré des manières d'imaginer des futurs possibles à une époque de crise environnementale. Le symposium a été organisé par le groupe suisse des sciences humaines de l'environnement récemment fondé [5]. Les 'humanités environnementales' sont un domaine de recherche en plein essor qui attire l'attention dans le monde entier. Il réunit des chercheurs en sciences humaines et en arts qui dialoguent avec des scientifiques et des professionnels pour repenser les problèmes environnementaux dans une perspective culturelle.

Une troisième voie entre optimisme et pessimisme

Le langage fa?onne notre pensée et notre imagination ainsi que la direction que prend la science [6]. Sustainability' dénote le paradigme actuel des sciences de l'environnement et de l'écologisme, mais le maintien et l'optimisation de nos systèmes économiques et sociaux existants ne suffiront pas à éviter la surexploitation des systèmes écologiques. Le diagnostic apocalyptique est courant dans les sciences de l'environnement, mais il éloigne la créativité de la pensée utopique positive. "Are we prepared for post-collapse ?" semble être une question directrice étrange pour un symposium sur l'environnement, mais elle s'est avérée être un point de départ productif pour des conversations transdisciplinaires. Nous avons découvert comment des sciences aussi diverses que l'écologie et la médecine oscillent entre optimisme et pessimisme. Dans différentes arènes intellectuelles, des visions opposées se heurtent et divisent souvent les gens au lieu de les unir. Les conservationnistes, par exemple, se sentent de plus en plus divisés en deux camps, celui des traditionalistes qui veulent sauver ou restaurer la vie sauvage, et celui des futuristes qui veulent embrasser de nouvelles réalités écologiques et concevoir des écosystèmes artificiels pour le 21e siècle. Les traditionalistes pensent que les futuristes accélèrent la dégradation de l'environnement en encourageant les gens à oublier la nature et à croire en une capacité infinie à réparer la destruction écologique. Les futuristes pensent que les traditionalistes gaspillent les ressources pour des causes irréalistes et qu'ils éloignent les gens de la nature quotidienne qui les entoure.

Imaginer des futurs environnementaux alternatifs

Le symposium a confronté les participants à des histoires alternatives sur les futurs environnementaux : le sauvage, le re-sauvage, l'effondrement, et le post-collapse. Nous avons discuté de la manière dont ces notions sont liées à différents contextes culturels, à notre histoire, à nos espoirs, à nos craintes et à notre créativité. Et nous nous sommes demandé si elles déclenchaient ou empêchaient l'innovation, les percées scientifiques, l'action et les solutions. Nous espérions que de telles explorations nous aideraient à réinventer, connecter et transgresser nos imaginations actuelles du futur pour surmonter la paralysie. Le symposium n'a pas produit de réponses, mais des questions qui pourraient déboucher sur de nouvelles idées :

Le sauvage et le re-sauvage : Est-il futile de sauver les derniers vestiges d'une nature sauvage non touchée, de modes de vie traditionnels et de cultures indigènes, ou ces réminiscences du passé peuvent-elles vivre dans un monde qui n'est plus le leur ? Vaut-il la peine de sauver les derniers individus d'une espèce de rhinocéros dans un paysage déforesté à Bornéo ou faut-il abandonner les efforts pour économiser les ressources en vue d'objectifs plus réalistes ? En fait, comment parler de la beauté de la nature perdue sans être nostalgique et pessimiste ?

Collapse (effondrement) : Les scientifiques et les environnementalistes ont fini par vivre avec des scénarios apocalyptiques sur l'effondrement de l'environnement. Mais le diagnostic apocalyptique favorise-t-il vraiment le changement ou plut?t l'inaction ? Pour la plupart d'entre nous, une apocalypse imminente représente un avenir inéluctable pour lequel les choix et les actions humaines ne comptent pas. Les psychologues et autres scientifiques sociaux savent que la peur, le traumatisme et la communication alarmiste paralysent les gens au lieu de les mobiliser. Comment pouvons-nous trouver de l'espoir dans des scénarios de catastrophe ?

Post-collapse : Est-il vrai que la vie sauvage prolifère dans les paysages post-collapse autour de Tchernobyl ? Les périodes de post-collapse peuvent-elles être des moments de changement, d'innovation ou de résurrection ? En effet, est-il temps de se préparer au scénario post-collapse le moins problématique, ou cela serait-il fataliste et irresponsable à un moment où nous devrions réunir toutes les forces pour éviter un effondrement systémique ?

There will be no simple answers and we may depend on paradoxal thinking : imaging post-collapse for avoiding collapse, designing nature for saving wilderness, restoring memories of the past for working towards a fundamentally novel future. Une nouvelle occasion de débat sera offerte le 27 novembre au Corner College [7] : "Faut-il conserver, re-sauvager ou redessiner la nature ?"

Ce blog doit beaucoup à des discussions inspirées avec Philippe Forêt, Marc Hall, et les participants au symposium de juin.

Références

[1] Jared Diamond. "Collapse". Viking Press, New York. page externeVoir

[2] Rockstr?m et al. 2009. A safe operating space for humanity. Nature 461 : 472-475

[3] The Guardien : page externeArticle

[4] Symposium : page externeRésumé

[5] page externewww.eh.saguf.ch/

[6] Kueffer, C. Larson, BM 2014, Responsible Use of Language in Scientific Writing and Science Communication. BioScience 64 : 719-724. doi : 10.1093/biosci/biu084

[7] Jill Scott et Christoph Küffer, "Redesigning Nature". Novembre 27 2014, page externeCorner College Zurich

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